Notre calendrier grégorien

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Le calendrier julien était vraiment pas mal lorsqu’il a été instauré par Jules César et l’empereur Auguste — mais quelques siècles plus tard, ses faiblesses sont devenues incontournables. À raison d’un jour tous les 134 ans, on est à 10 jours de décalage en 1200… et les voix commencent à s’élever dans la sphère religieuse, car ça décale les dates des fêtes (notamment Pâques). Sacrilège !

En 1345, le pape Clément VI décide de réformer le calendrier, mais pour diverses raisons pas forcément très bien connues, ça ne se fait pas. Il faudra attendre 1582 et plusieurs autres tentatives pour que ça se fasse enfin, sous l’impulsion d’Ugo Boncampagni, plus connu sous le nom Grégoire XIII, et pape de son état, notamment assisté de Luigi Lilio (médecin et principal acteur de cette évolution calendaire) et Christophorus Clavius (astronome). Sa motivation principale n’était pas la stabilité du calendrier mais celle de la date de Pâques, qui se devait d’être correcte pour d’évidentes raisons religieuses.

La même double problématique que pour le calendrier julien se posait : il fallait de une, rattraper le décalage du calendrier par rapport aux saisons (le printemps étant alors largement entamé lorsque la date marque « 21 mars ») ; et de deux, stabiliser le calendrier pour éviter des dérives futures. À cela s’ajoutait la fixation de la date de Pâques, donc.

Pour rattraper les dix jours d’avance, simple : en l’an 1582, le 4 octobre sera suivi par le 15, and voilà. Pour stabiliser le calendrier, ils ont remarqué que le calendrier julien avait un décalage de trois jours tous les 400 ans (environ). Pour éviter ça, il suffit de retirer trois années bissextiles tous les 400 ans. Comment faire ? Simple !

  • On commence par dire que toutes les années divisibles par 100 ne sont pas bissextiles (1600, 1700, 1800…). Mais c’est trop : en faisant ça, on retire quatre années bissextiles tous les 400 ans. Donc…

  • On dit que toutes les années divisibles par 400 sont bel et bien bissextiles. Ainsi, on en rajoute une tous les 400 ans, ce qui fait donc bien trois années bissextiles retirées :

    • 1600 : divisible par 400 : bissextile ;
    • 1700 : divisible par 100 mais pas par 400 : année bissextile retirée ;
    • 1800 : divisible par 100 mais pas par 400 : année bissextile retirée ;
    • 1900 : divisible par 100 mais pas par 400 : année bissextile retirée ;
    • 2000 : divisible par 400 : bissextile…

    Et voilà : on a bien trois années bissextiles retirées !

Une diffusion très progressive

Dans le territoire du Pape, la diffusion du nouveau calendrier, dit grégorien (du nom du Pape) fut assez rapide (ça sert, d’être pape, à cette époque !). Mais c’est loin d’être le cas partout, et certains pays sont rentrés dans ce nouveau calendrier très tard (augmentant d’autant le nombre de jours à rattraper, d’ailleurs). On peut citer la Lorraine passée en 1720, l’Albanie en 1912, la Grèce en 1916 ou la Russie en 1918… et les petits derniers, Roumanie & ex-Yougoslavie, en 1919.

Tout ceci peut poser des problèmes de conversions de date : ainsi, en France et en Russie, le 10 juin 1901 ne correspondent pas à la même journée, l’un étant en grégorien et l’autre toujours en calendrier julien !

Il est bon notre calendrier, hein ?

Il est pas mal, et on s’en sert encore aujourd’hui — mais comme tous il n’est pas parfait ! En effet, on perd un jour tous les 3 223 ans (soit un peu moins de 30 secondes par an) — c’est mieux maaaais pas parfait :p Nous verrons comment on peut l’améliorer à la fin de cette série…